« Les petits humains » – La pièce de théâtre

Lors du festival ProPulse qui a lieu chaque année à Bruxelles, j’ai eu l’occasion de voir la pièce de théâtre « Les petits humains », de la Compagnie Gazon-Nève.

« Il ne faut pas dormir avec son enfant, il ne faut pas trop le prendre dans les bras, il faut allaiter, il faut l’inscrire à la crèche pour le socialiser, non, la mère doit le garder auprès d’elle jusqu’à ses trois ans, il ne faut pas donner de tétine, ça déforme les dents, il faut laisser pleurer son enfant, il ne faut pas le frapper, il ne faut pas le punir, il faut tout lui expliquer… ». Voilà, en fond sonore, les premières phrases que le spectateur entend lorsqu’il s’installe.

Dans un décor minimaliste composé de cadre mobiles reconstituant une salle de réunion, quatre personnages prennent place en cercle. Dans ce groupe de parole, il y a Jacques (Thibaut Nève), un papa anxieux, séparé et en mal d’autorité qui s’occupe une semaine sur deux de ses enfants ; Claude (Céline Peret), une maman nerveuse déçue par l’ingratitude de sa fille et qui culpabilise de ne pas être la mère qu’elle imaginait ; Bruno, son mari (Sébastien Fayard),  venu la soutenir dans ce projet et que Claude accuse d’être un « papa Disney » (à tort selon lui). Il y a aussi Maria (Laurence Warin), une mère de famille épanouie – mais qui ne se sent plus désirable en tant que femme – qui lit Françoise Dolto et espère pouvoir venir en aide à ses pairs. Enfin, au milieu de la pièce intervient également Françoise (Morena Prats), une thérapeute-gourou chargée d’amener les participants à se questionner par le biais d’exercices pratiques (psychodrame analytique).

Tour à tour, les différents protagonistes nous parlent – tantôt directement, tantôt indirectement – de leurs interrogations, de leur perplexité et de leurs doutes face aux allegations contradictoires qu’ils peuvet entendre via les médias ou la publicité à propos de la parentalité. La parole se libère et conduit au fur et à mesure les personnages à  exprimer leurs pulsions et souvenirs les plus enfouis, mais aussi à déboucher sur des intrigues surprenantes, des révélations cocasses ainsi que des disputes spectaculaires. Sous la légèreté apparente de la pièce – on rit ou du moins on sourit à de nombreuses reprises -, « Les petits humains » abordent des sujets complexes et sérieux.

En guise de clôture, la fine équipe nous laisse pensifs avec cette ultime réflexion : pourquoi dit-on à nos enfants : « N’aie pas peur, il ne t’arrivera rien », au lieu de leur dire « Aie peur, il t’arrivera plein de choses » ?

Annabelle Duaut

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